vendredi 18 décembre 2009

NAUFFRAGE AU LAC, LE CRI D'OUTRE - TOMBE

Revenu Samedi 12 Déc. à 23 h 00 de notre voyage à Bokoro, je me suis mis dès notre arrivée à rendre grâce au Seigneur de nous avoir rassuré par sa présence tout au long de ce voyage à haut risque. Parti, en effet, vendredi 11 Déc. d'Inongo, dans les après-midi, nous avons été surpris par les vagues en pleine traversée de kesenge. Malgré la puissance de propulsion de nos deux moteurs hors bord de marque Yamaha, notre barque en bois resistait que timidement aux vents contraires. l'ingéniosité du conducteur a eu raison de ces vents impétueux et brusques.
A notre retour, Samedi 12 Déc., nous quittions Bokoro, aux environs de 10 h 00 sous une pluie battante. De ce côté, il n'y avait aucun danger à craindre à naviguer sur la Lukenye. Profitant du beau soleil des après-midi, nous croyions au beau temps d', après la pluie. C'est pour cette raison qu'une fois arrivés à Kutu, aux environs de 13 h 00, nous avions décidé de profiter du beau temps pour continuer notre voyage, pour mieux négocier les deux grandes traversées du lac dans le tronçon compris entre Kutu et Inongo: à Bekai ( plus ou moins 5 Km ) et à kesenge ( Plus ou moins 3 Km ). Erreur! Une grande pluie s'était également abattue sur Inongo et dans les villages environnants; ce qui faisait s'agiter le lac contiunuellement jusqu'à un peu plus tard dans les après-midi. Acculés, nous nous fions à la maîtrise de notre conducteur et surtout à son savoir-faire-pratique face aux signes de temps. Savoir interpréter les signes du temps au Lac est un atout majeur. La direction des vents signifie tout un message. Nous avions rencontré le type de vagues qui ne présentent aucun risque pour les voyageurs ni même pour les pêcheurs que nous avions rencontré nombreux entrain de pêcher avec leurs filets.
Dans la soirée, il n'y avait plus aucune vague ni aucune ondulation. Le lac se reposait de ses mouvements incessants. C'était pour nous l'occasion de tout faire pour atteindre Inongo même en pleine nuit d'autant plus que nous n'étions plus qu'à demi parcours de notre trajet. Tout était calme. le Lac se couvrait d'un silence des morts... Seul le souvenir du nauffrage nous hantait continuellement comme pour nous mettre à témoins de l'indifférence des vivants, - de certains vivants -, pour leur situation particulière. Leur silence, à jamais dans la nuit du temps, ressentit comme un cri face à l'oubli de ce coin particulier du grand Congo; coin autrefois mis en relief pour l'abondance de ses richesses; coin autrefois reservé à Sa Majesté le Roi de belges ( domaine de la Couronne ) pour ce qu'il en a tiré comme bénéfice personnel; coin livré à l'exploitation systématique et éhontée du bois par des compagnies forestières qui n'ont laissé comme trace visible de leur odieux commerce que la déforestation macabre de vastes étendues de nos fôrets primaires conservant en leur sein des essences de plus de 1000 ans d'âge. Du souvenir de nos proches membres morts noyés ou disparus lors du nauffrage du 25 Novembre 2009, il retentira encore plus fort le cri de révolte et d'indignation face à la destruction systématique de l'homme et de son écosystème. D'ici à 100 ans, l'exploitation du bois laissera des conséquences incalculabes sur l'environnement et l'homme. Déjà on remarque une spoliation sans précédent des fôrets et des espaces de vie de production pour l'homme, une détérioration de la qualité de nos fôrets étant donné l'abattage de meilleurs arbres très souvent sur commande pressante et fort rémunératrice, l'écremage des meilleurs arbres les plus remarquables de la fôret, perte inévitéble de la biodiversité, la disparition à court et à long terme de certaines espèces animales et végétales qui trouvent dans la fôret profonde ( la canopée )leur refuge et leur répère. Les compagnies forestières au Lac telle la SODEFOR ne laissent aucune chance à la regeneration des fôrets tellement celles-ci sont plus préoccupées à faire le maximum des bénéfices. Nous sommes étonnés de la part de notre gourvenement qu'il n'existe aucune mesure contraignant les exploitants de bois au reboisement; aucune taxe contribuant à compenser le manque à gagner économique pour les milieux exploités, aucune contrainte vraiment pour améliorer les conditions sociales dans les villages et grandes cités du Mai-Ndombe.
Qu'une catasthrophe de telle ampleur soit survenue sur une ferri de la Sodefor nous semble bien un signe de temps. C'est l'arbre qui cache la fôret. Trop c'est trop! Ce cri d'indignation du Clergé d'Inongo n'est rien de moins que l'écho sonore d'un cri beaucoup plus fort émergeant et débordant du silence des tombes.
Le Mai - Ndombe se meurt! le Mai - Ndombe de nouveau spolié, asphixié et saigné à blanc!
Abbé Jef BELEPE.-

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