jeudi 2 avril 2009

LE BEACH D'INONGO EN PASSE DE DEVENIR COMME LE BEACH DE KINSHASA

Les congolais un peu partout ont cette magie de transformer tous les espaces de vie ou leur environnement à l’image de ce qui se passe à Kinshasa, un modèle qui inspire pas mal de jeunes opérateurs économiques surtout ceux qui oeuvrent mal dans l’arrière pays. Face à la situation économique désastreuse que nous connaissons dans notre pays, la débrouillardise bat son plein. C’est désormais le maître mot. L’esprit d’entreprenariat gagne du terrain. Nous rencontrons les adeptes de cette nouvelle religion pratiquement la tranche d’âge qui se situe entre 25 et 35 ans. C’est dans cette catégorie que nous rencontrons facilement les trafiquants ambulants, les vendeurs des carburants communément appelés « Kaddafi », allusion faite ici au leader politique et homme d’Etat lybien, exploitateur du pétrole dans son pays, des réparateurs de rues, des commissionnaires, des responsables des Agences d’affrètement des colis en destination de Kinshasa ou en provenance de cette même Capitale, des armateurs des baleinières, des opérateurs dans des Agences des phonies pour les transferts d’argent. Bref, il naît dans notre pays une « culture du sauve qui peut » ou des jeunes se jettent à corps perdu dans des activités rentables ou réputées telles quelles, pourvu qu’ils arrivent à nouer, grâce à elles, les deux bouts du mois à partir des petites économies qui réalisent.

C’est grâce à cela qu ‘ils tiennent le coup soit en faisant soigner les leurs, en payant les frais scolaires de leurs enfants, en nourrissant leurs parents et en s’organisant dans la vie pour tout ce qui a trait au logement, à l’habillement, à la santé, à la scolarisation des enfants ou simplement à bien manger. Le pire dans tout cela, c’est que les congolais aiment évoluer dans l’informel…Ils ne parviennent jamais à s’organiser ou à créer quelque chose de sérieux comme un investissement à long, moyen ou court terme. C’est toujours des histoire qui sont montées comme à la-va-vite. Et on ne s’étonnera guère que celles-ci disparaissent comme elles sont nées. Sans rien de consistant ! Nombre de gens aiment à évoluer en dehors des structures officielles établies. Qui pis est, c’est auprès des Autorités politico-administratives sensées réglementées ce genre d’entreprise qu’ils trouvent des documents pour continuer allégrement et sans être inquiéter leur débrouillardise. Nul n’aimerait comprendre que de telles initiatives finissent par prendre le relais de l’Etat qui n’existe plus ou qui ne se soucie guère du bien-être de sa population. Le langage est en lui-même révélateur. On ne va pas loin, on ne vise pas la qualité, il n’y a aucune performance, aucune concurrence. Le langage courant et bien connu, c’est l’expression « Demi-terrain ». Juste quelque chose pour vivre ou faire vivre les autres.

Il n’est plus rare d’observer que le beach d’Inongo se transforme en un espace favorable et bien indiqué pour ces petits négoces. Le poissons et surtout le manioc se vendent à même le sol au mépris de règles élémentaires d’hygiène. Les services d’hygiène sont quasiment inexistants. Ou s’ils existent, ces derniers éprouvent d’énormes difficultés pour faire régner l’ordre. Eux tous sont rivés à des lendemains incertains face à la crise économique généralisée. Ils vivent également dans ou grâce à ce réseau informel. Comme on peut s’en rendre compte, les tenants de cette nouvelle philosophie ignorent tout des stratégies pour bien réussir dans la vie. Ils se donnent eux-mêmes des normes d’action et n’ont qu’un seul objectif, réussir à tout prix. Ils n’ont de compte à rendre à personne , même pas à l’Etat qui organise ses services pour prélever des taxes pour ce genre d’activités. Ils bénéficient ainsi d’une chaîne ininterrompue des complices même dans la haute sphère de l’Administration publique. Les différents services et bureaux basés tout au long de différents beachs de nos cités riveraines sont l’arbre qui cachent la forêt. Ils ne sont que le dernier chaînon d’une structure qui vole l’Etat et l’empêche d’être fort et organisé . Il est grand temps que les congolais arrivent à s’organiser autrement pour ne pas mourir de faim dans un pays qui regorge tant de potentialités naturelles. Le beach d’Inongo, au Centre du Distrcit et de la future Province du Mai-Ndombe devrait refléter plutôt l’image d’un port d’où sont embarqués des produits destinés à l’exploitation tels les bois, les poissons, les maniocs, la viande, les légumes, les fruits, les bananes, bref, tout ce qui rend agréable un séjour rêvé au Mai-Ndombe. C’est là que devraient se deverser tout ce qui est difficile à trouver ici chez nous au Mai-Ndombe, tels des produits manufacturés en provenance de Kinshasa ou d’autres régions de la RDC. Avec une bonne reglementation, les bénéficient d’un tel trafic vont tout droit dans les déniers publics au lieu d’attérir impunément dans les poches des individus.

C’est bien en face de ce scandale inacceptable que nous déplorons la situation économique de la Cité d’Inongo. Le beach de Nkolenzoba s’est transformé au fil des années et des générations à un port de destination pour tous les denrées alimentaires, dans des embarcations de fortune, le bac du Lac Mai-Ndombe étant en réparation à Kinshasa. Tôt le matin, des groupes des mamans se ruent au beach à la recherche des chikwabgues et des sacs de fufu provenant très loin des villages environnants de Bokopo et Tolo dans la Lukenye. Plutôt qu’un effort de débrouillardise, cette situation sonne le glas d’une période de disette à venir. Ce spectacle en est bien le signe des temps. Le Mai-Ndombe, site aux réserves inépuisables et inépuisées est en passe de devenir une zone rouge non par la violence des conflits armés comme à l’Est de la RD-Congo mais bien par la paresse des autochtones incapables de survenir à leurs besoins les plus élémentaires. C’est la cause actuellement de la flambée des prix des denrées sur le marché, le vol, l’arbitraire de certains chefs, le découragement de bon nombre des paysans et des éleveurs, le règne de la fraude.

Nous en appelons à la conscience morale des ressortissants du Mai-Ndombe et au patriotisme des décideurs politiques pour que soient votés en priorité des projets agricoles où nos paysans bénéficieront des crédits consistants pour de nouveau labourer la terre, la cultiver sans répit pour connaître encore les beaux vieux temps où la chikwangue se rencontrait à tous les coins de rue et que chacun pouvait manger à sa faim sans avoir à regretté ou à maugréer sur la qualité de ce qui est vendu sur le marché.

Aujourd’hui beaucoup de nos enfants sont kwashiorkorés pour cause d’insuffisance alimentaire. De grands internats comme l’Intosa ou le Lycée Bondeko sont vidés de leurs internes pour raison de nourriture insuffisante. Beaucoup d’enfants internes n’arrivent pas à manger à leur faim. Les frais d’internat sont désormais exorbitants comparativement aux prix élevés des denrées alimentaires. Ces internats conçus pour abriter aussi bien les enfants des pauvres que des riches ne font plus l’affaire que de seuls parents riches ou pour ceux qui parviennent encore à consentir d’énormes sacrifices pour faire étudier leurs enfants.

La décentration du Congo passe d’abord par un changement des mentalités, par une nouvelle culture politique à acquérir par à coup des slogans mais comme par à-coup, c’est-à-dire en améliorant notre environnement socio-politique par des micro-projets ou par des initiatives locales pour une gestion communautaire et participative de la chose publique. Ceci suppose, bien entendu, qu’on a formé la population à ces nouvelles réalités ou qu’on a sévi contre des anti-valeurs, les tracasseries politico-administratives ou contre l’égoïsme et la cupidité de certains dirigeants. L’esprit d’entreprenariat ne peut être encouragé que par des lois qui respectent la propriété privée et garantissent en même temps la libre circulation des personnes et des leurs biens.

Abbé Joseph BELEPE.-




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