Après la publication des Actes des Journées sacerdotales du Clergé diocésain d'Inongo par Yâ Philippe, Son Excellence notre Père Evêque, les différentes Communautés sacerdotales d'Inongo se sont convenues pour organiser une journée de récollection, ce lundi 04 mai 2009, au Centre d'Accueil, en vue de méditer sur leur ministère et d'approfondir encore le thème même de notre Assemblée " Prêtres au service de la Vie pour l'avènement du Royaume des Cieux " (Jn 10,10 ). Il n'était plus question de nous y étendre longuement. Il nous fallait aller à l'essentiel: comment dans le contexte de vie qui est le nôtre aujourd'hui et par quelle stratégie au niveau de notre pastorale parler à notre peuple et nous faire comprendre d'eux? Comment concrètement faire vivre en plénitude le Peuple de Dieu, à la lumière de l'Evangile qui libère, Puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit ( Cfr Rm 1,16 )?
Mgr Bolengo qui nous a invité à la méditation du jour a rélevé 3 points fondamentals qui constituent comme des obstacles majeurs à une vraie évangélisation ic au mai-Ndombe:
- la Misère matérielle
- la Misère dans l'être même de la personne ( comment est le coeur de l'homme aujourd'hui ?)
- la Misère mentale ou psychologique ( le niveau même du raisonnement )
Les 3 points montrent bien qu'il ne s'agit pas seulement de la misère matérielle mais plus fondamentalement, une crise ontologique dans l'être même de l'homme. cela affecte gravement sa vie, sa conception même du monde tout autant que ses Croyances. Pour l'homme d'aujourd'hui, la vie se résume à la simple satisfaction des besoins élémentaires: manger, boire, s'habiller ou à la rigueur, voire ses affaires prospérer. La moindre inquiétude ou lorsque survient un malheur, c'est tout l'espoir qui s'écroule. On veut à tout prix connaître le présumé coupable... Même Dieu est accusé bon gré malgré (...). Bref, tout tourne dans un immédiatisme sans perspectives.
Comment alors être au service d'une Vie en abondance? Comment parler du Christ comme Celui qui nous l'a donnée en plénitude? Comment sortir notre peuple du défaitisme, de la résignation, de fausses croyances ou de vaines aspirations?
Dans notre effort de chercher des réponses à tous ces questionnements, nous avons d'abord voulu comprendre le vrai problème de notre peuple du Mai-Ndombe aujourd'hui. Notre peuple n'est pas encore libéré de ses peurs. Il vit continuellement dans la hantise du sorcier et du " Nganga - nkisi " ( le dévin ) ou des maléfices. Sa vie, il la conçoit toujours dans la perspective de la menace ou de l'envoûtement. Même parmi nos chrétiens engagés, certains ne manquent pas de clocher de deux jarrets: " chapelets au cou, amulettes dans les poches" soit encore, le matin, on les voit à la messe et le soir ils sont chez le dévin. Ils en connaissent les recettes et même les adresses sûres. Nul se plaint de ce scandale encore moins de cette déviation. Nous avons l'impression de prêcher dans le désert lorsque nous évoquons le problème de la sorcellerie. D'ailleurs c'est dans toutes nos cultures du Mai-Ndombe que le problème de la sorcellerie est omniprésent.
Même après Cent ans d'évangélisation, on est encore frappé par sa récurrence. Quelques proverbes en disent long:
1° Chez les basakata, ne dit-on pas ce qui suit:
- " Omwi ngee, y'ojang ote ": Dès que vous apercevez un " Nganga-Nkisi " ( Féticheur ), initiez-vous à son talisman ( fétiche ).
- " Ntre akpa n'okla ulwe, mu akpa n'umbio " ( le gibier est pris à une bonne chasse, l'homme meurt suite à un problème.
2° Chez les Ekonda:
- " Otaki'okanga, langa itoyi ": En allant consulter le dévin, prêtez bien l'oreille.
En analysant ces différents dictons, on se rend bien compte que le muntu ou l'africain ne trouve son salut ou sa quiétude qu'auprès de " nganga ". Ou s'il croit, semble écartelé entre sa culture et sa foi. L'Evangile trouve peu de résonnance dans sa vie. Il n'y a presque pas recours en cas de difficulté... Beaucoup d'observateurs ont conclu carrément à l'échec de la première évangélisation; d'autres, par contre, ne veulent pas tellement parler d'échec mais voient autrement le problème. L'Evangélisation aujourd'hui doit faire face à de nouveaux défis. Le fait même de dire qu'il y a eu échec à la première évangélisation, n'est-ce pas plutôt déjà une évaluation d'une réalité présente et agissante en nous et par nous?
Retranchés dans les sous-bois du centre d'Accueil, loin des regards des curieux et de certaines distractions, les confrères présents à cette récollection ont senti la nécessité d'ouvrir des chemins nouveaux dans notre démarche pastorale et de faire un discernement des différentes manifstations du phénomène sorcellerie. De lire et de discerner des signes d'amour dans nombre de pratiques traditionnelles pour ne pas tomber dans le piège du syncrétisme. La sorcellerie ou les pratiques maléfiques constituent bien un obstacle majeur à une vraie évangélisation. On ne doit pas évoquer le pretexte de guérison pour semer la confusion dans les esprits des gens et dans leur foi. On doit combattre le mal à la racine, au niveau même de la conception de la vie chez le muntu. Ceci requiert une expertise des spécialistes en la matière.
La sorcellerie en appelle à une approche pluridimensionnelle: Anthropologues, Sociologues, Psychananlistes, Théologiens, Exorcistes, Philosophes, Prêtres en pastorale et Médecins soignants. Des sessions de formation ou des ateliers de travail sont nécessaires pour assainir notre environnement psychologique et socio-psychique des angoisses inutiles ou de la politique de la " tabula rasa ". Le phénomène de la sorcellerie n'est pas un mythe ni une chimère. N'en faisons pas non plus une recette du seul Continent africain. Pensons la chose sans passion ni fanatisme.
Les confrères prêtres à Inongo ont eu le courage de l'aborder dans le contexte d'une journée de repos consacrée à la prière et à la méditation pour les prêtres, tout au début de chaque semaine. En privé, c'est parfois une simple question que l'on se pose mais en groupe, la question par elle-même mobilise déjà pour une action concertée. Ceci sort même déjà de sa sphère on ne peut plus cachée voire de l'occultisme!
Abbé Joseph BELEPE.-
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